Par Robert M. Almeida, Jr., Stratège en chef et gestionnaire de portefeuille, MFS Investment Management

Les remontées des marchés baissiers se sont souvent produites quand les investisseurs anticipaient une baisse des taux, ce qui a eu tendance à faire grimper les valorisations. Toutefois, elles se sont généralement avérées de courte durée, car les investisseurs ont ensuite constaté que le cycle économique tirait à sa fin et que les bénéfices étaient inférieurs aux attentes.

Depuis la mi-octobre 2022, les actifs à risque comme les titres de l’indice S&P 500, du NASDAQ et de l’indice MSCI EAEO ont généré des rendements d’environ 15 %. Une telle remontée n’est pas inhabituelle et nous croyons que les clients devraient s’en méfier. En 2022, nous avons observé trois reprises de plus de 10 %. L’indice S&P 500 s’est redressé d’environ 11 % en mars 2022 et a encore bondi de 17 % (par rapport à des niveaux beaucoup plus bas) l’été dernier. Dans le pire des cas, il a perdu plus de 25 % entre son sommet du début de janvier 2022 et son creux d’octobre, et a maintenant récupéré environ la moitié de ces pertes1 . Les récents épisodes nous rappellent l’effondrement du marché du début des années 2000, après l’éclatement de la bulle technologique. En 2001 et 2002, il y a eu quatre remontées de 19 % à 21 %, mais cette période de deux ans a donné lieu à une baisse de 49 % entre le sommet et le creux. De même, pendant la crise financière mondiale, les actions américaines de premier ordre ont progressé de plus de 24 % à la fin de 2008, pour ensuite plonger de près de 57 % entre le sommet du cycle, en octobre 2007, et le creux de mars 2009. En remontant plus loin dans le temps, lors du krach de 1929, le Dow Jones a chuté de près de 48 % en deux mois. Même si, en 1930, les actions ont rapidement repris près de la moitié du terrain perdu, elles ont fini en baisse de 85 % au milieu de 1932.

Pourquoi cela se produit-il?

Nous sommes d’avis que, même si le marché est extrêmement efficient à court terme pour ce qui est de l’actualisation, il l’est moins à long terme. Pendant bon nombre des reprises susmentionnées survenues lors d’un marché baissier, le marché s’est concentré sur les données les plus récentes, qui signalaient souvent une baisse de l’inflation et des taux d’intérêt en réaction à la fin du cycle économique. Même si les banques centrales ne réduisent pas les taux à l’heure actuelle, la désinflation s’est installée, les marchés s’attendent à ce que les taux d’intérêt approchent de leur sommet et les courbes des taux d’intérêt prévisionnels donnent à penser que les taux commenceront à baisser à la fin de 2023. Autrement dit, les marchés anticipent une baisse potentielle des taux, car des taux moins élevés feront grimper les valorisations, ce qui peut entraîner une remontée durant un marché baissier. Toutefois, ces remontées risquent d’être de courte durée, car les investisseurs se rendent habituellement compte que le cycle économique tire à sa fin et que les bénéfices seront inférieurs aux attentes.

Il faut généralement de 12 à 24 mois pour que le resserrement de la politique monétaire ait un impact sur les données fondamentales des entreprises. Pour la majeure partie de l’économie, la transmission n’est pas immédiate, contrairement au marché de l’habitation, par exemple, où l’ajustement est rapide. La plupart des entreprises combinent les emprunts à taux fixe et à taux variable. Par conséquent, l’impact d’une hausse des taux sur leurs paramètres fondamentaux se fera sentir au-delà de l’horizon qui intéresse le marché au moment où l’inflation et la politique monétaire atteignent leurs points d’inflexion.

Les marchés sont tournés vers l’avenir, mais sur un horizon insuffisant

Ce phénomène n’est pas nouveau. En août 2008, on estimait que les bénéfices chuteraient d’environ 5 %. Toutefois, l’impact qu’a eu sur les bénéfices la forte récession amorcée à l’automne, après l’effondrement de Lehman Brothers, a été bien plus important, les bénéfices ayant dégringolé de 50 % par rapport à leur sommet1 .

N’oubliez pas que le cycle de resserrement actuel dans les pays développés a commencé il y a moins d’un an et qu’il reste encore du chemin à faire. Les répercussions ne se sont pas encore toutes matérialisées.

Bien que chaque cycle économique soit différent, les bénéfices ont chuté de 23 % en moyenne au cours des cinq dernières récessions, selon les données de Goldman Sachs. La baisse sera peut-être plus importante cette fois-ci, car les coûts de la main-d’œuvre et du capital ne diminueront pas autant que lors des épisodes passés, ou elle le sera peut-être moins, parce que la situation des consommateurs et des banques est bonne. Je ne sais pas ce qu’il en sera, mais ce n’est pas ce qui m’intéresse. Mon attention se porte plutôt sur la façon d’obtenir pour les clients de meilleurs résultats ajustés au risque, qui, selon nous, proviendront de placements dans des entreprises de grande qualité présentant à notre avis un risque de baisse des bénéfices plus faible que leurs indices de référence et leurs pairs.

Enfin, nous estimons que le marché est très prometteur à court terme. Cependant, même s’il ne se concentre pas sur les bénéfices aujourd’hui, le changement sera rapide lorsqu’il le fera. À ce moment-là, les investisseurs prendront en compte la faiblesse des bénéfices avant que les entreprises publient leurs résultats, et nous croyons que les clients devraient envisager de se positionner en conséquence. Nous sommes prêts à cette éventualité.

 

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